Margot Lecoeur (DTGE) et Denis Thuriot
L’interview croisée« Les lycéens doivent oser aller au bout de leurs rêves ! »
« Les inégalités d’accès se creusent d’abord dans la tête des lycéens »
La rédaction : Les statistiques nationales soulignent aujourd’hui une inégalité géographique et sociale d’accès aux grandes filières sélectives… Que pensez-vous de cette situation ?
Autres explications possibles : l’absence d’information et d’encouragement à oser faire des choix ambitieux, la peur de se retrouver seul dans une grande ville et l’impossibilité de financer les frais de scolarité et un logement. Dès lors, l’égalité des chances passe par une obligation de moyens, voire de résultats, que nous devons collectivement remplir – État, collectivités, CROUS – en permettant aux jeunes de vraiment s’orienter en fonction de leurs compétences.
géographique, lequel est à la fois injuste et aberrant. Pour quelles raisons les jeunes des régions éloignées de Paris n’auraient-ils pas la capacité d’emprunter les voies d’excellence que sont les grandes écoles et les classes préparatoires ?
Aujourd’hui, l’une des principales causes de cette inégalité est sans doute l’autocensure. Certains jeunes doivent se dire que les « prépas » ou les grandes écoles ne sont pas pour eux, qu’ils ne sont pas nés au bon endroit, qu’ils n’ont pas étudié dans le bon lycée… Dans son essai Les invisibles de la République, co-écrit avec Erkki Maillard, Salomé Berlioux – qui a grandi dans l’Allier, le Cher et la Nièvre et qui a passé son bac à Nevers – explique bien ce phénomène.
La rédaction : comment lutter contre ce genre de phénomène ?
Il faut sans doute aussi développer les partenariats entre les collectivités et les grandes écoles pour faire savoir que nos territoires peuvent être des viviers de talents. Cela passera également par un meilleur maillage des classes préparatoires sur le territoire national et par le développement de cours supplémentaires et facultatifs dans les lycées pour entraîner les élèves à l’oral, leur donner des méthodes de travail adaptées, leur conseiller des lectures et les aider à acquérir une solide culture générale et/ou scientifique.
La rédaction : quelles initiatives prenez-vous pour favoriser l’accès aux études supérieures ?
aussi certains préjugés. Trop de lycéens nous expliquent encore que tel ou tel parcours n’est pas fait pour eux !
Par nos témoignages nous leur montrons que cela est faux, et qu’ils ont les capacités pour tenter toutes les formations qu’ils souhaitent. C’est le but de nos interventions dans les lycées et de notre dispositif de mentorat.
Notre fédération propose par ailleurs un dispositif national de bourses que De la Nièvre aux Grandes Écoles a rejoint cette année. Car l’argent est aussi un puissant obstacle dans l’accès à l’enseignement supérieur. Nous distribuons ces bourses à raison de 6 000 ¤ sur deux ans qui doivent permettre aux jeunes de faire les études qu’ils souhaitent et qu’ils méritent.
En ce qui concerne les études supérieures, Nevers Sup a connu une montée en puissance ces dernières années grâce au développement de ses formations (plus de 50 actuellement) et l’ouverture d’un PASS et d’un Campus Connecté qui permettent respectivement de suivre en distanciel les cours de première année de santé et ceux de plus de 7 000 formations à travers la France. Plusieurs filières paramédicales ont enfin été lancées, portées par des structures privées. Ce vaste choix offre aux jeunes de la Nièvre mais aussi d’autres départements, la possibilité de faire des études près de chez eux, dans une ville à taille humaine tout en réduisant les coûts. Plus globalement, il est urgent en France de développer les sites de proximité. Parce qu’ils permettent de lever un certain nombre de barrières empêchant l’accès aux études, et de mailler notre pays.
Auriez-vous un message à faire passer aux jeunes qui hésitent encore quant à leurs études ?
En conclusion ne limitez pas vos défis, et comme le dit la devise du Centre de formation de l’USON Nevers Rugby : défiez vos limites !